| RÉUNIONS PASSÉES |
 | Entrer dans le détail de la photo va nous permettre bien sûr, de reconnaître ceux qui y figurent, mais aussi et autant que possible, de la dater et de la localiser. A ce propos, nous avons trois éléments de poids, une mention manuscrite indiquant que la photo a été faite à Bavay, la position d'Aimée Brasseur-Marchant (ci-contre) qui «trône» au milieu du groupe, et enfin l'oeil de Marcelle Bourguignon qui a reconnu l'endroit : nous sommes dans la cour de la ferme de la Porte de Mons, chez les Marchant... Aimée a autour d'elle enfants, beaux-enfants, petits-enfants, neveux et nièces que nous allons passer en revue. |
 | Et la présence des uns ou des autres va permettre de donner une date assez précise. Des sept enfants qu'elle a élevés, six sont présents sur ce cliché, seule la troisième, Adeline est absente, de même que son époux Narcisse Lambret. Mais en revanche Elise, son aînée, est bien présente, même si elle se cache au troisième rang (ci-contre)... Mariée et vivant en Belgique depuis 1881, elle revient cependant très fréquemment à la ferme de la Porte de Mons, et d'ailleurs ses deux fils ont l'habitude d'y passer la plus grande partie de leurs vacances pendant toute leur enfance. |
 | Epoux de la précédente, Alexandre Corbeau est facile à identifier, avec la barbe entière qu'il est le seul, dans la famille, à porter... Marié avec Elise Marchant depuis 1881, il a repris à la même époque la brasserie du Pont Brogniez à Haine Saint Paul, dans la banlieue sud de La Louvière. En distance, ce n'est pas si loin de Bavay et le couple peut venir fréquemment rendre visite à la famille. Mais cette photo est également intéressante à un autre titre, c'est qu'il s'agit du seul cliché connu où l'on voit ensemble Elvire et Alexandre Corbeau, qui sont frère et soeur... |
 | Fils des deux précédents, voici Gaston Corbeau, alors âgé d'environ dix-sept ans. A l'inverse de son père, il est moins aisé à reconnaître, car sur ce cliché, il n'a pas encore subi les effets de la calvitie qui va l'affecter de manière très précoce, et qu'on lui connait sur toutes les autres photos. Ce jour-là, il a accompagné ses parents mais malheureusement, son frère aîné Louis n'est pas là. C'est pour tous les deux une habitude que de venir voir leur grand-mère Marchant à Bavay et d'y rencontrer leurs cousins... Lorsque la ferme de Bavay sera vendue dans les années vingt, Gaston achètera Branleux pour rester proche de la famille et continuer ses visites estivales. |
 | Deuxième fille d'Aimée Brasseur-Marchant, Sophie Marchant est bien présente au premier rang ; hélas son époux Charles Cheval n'est pas là, ce qui est bien dommage, car les clichés de lui sont plus que rares... A l'époque présumée de la photo, elle a déjà quatre enfants dont le plus petit, Paul, est devant elle et semble avoir à peine un an. Ceci est une indication déterminante : Paul est né en 1899, la photo date donc, peu ou prou, de 1900... D'autres éléments vont venir conforter cette évaluation. A la droite de Sophie (à gauche pour nous), un autre garçon qui doit être son troisième enfant, son fils Jean né en 1893. |
 | Quatrième fille d'Aimée Brasseur-Marchant, voici Clémence Marchant, née en 1867. Elle s'est mariée en 1891 et a eu deux enfants, Clotilde née en 1892 et Maurice né en 1894, et tous deux sont juste devant elle : ils confortent l'hypoyhèse de date (1900) car les âges de huit et six ans sont tout à fait plausibles pour la fille et le garçon debouts devant Clémence. En outre, il y a compatibilité entre leurs âges et tailles et ceux de Jean Cheval, qu'on vient de voir juste avant. On remarquera que c'est la seule petite famille qui soit au complet, car c'est son mari Albert qui a posé affectueusement sa main sur l'épaule de Clémence... |
 | Mais Albert Williot (ci-contre), le mari de Clémence Marchant, ne va pas bien et cette photo le montre, en même temps que la présence d'Albert date la scène : car c'est en 1901 qu'il passe de vie à trépas et nous le voyons ici accablé par la maladie, amaigri, déplumé, avec un regard qui en dit long : on dirait le regard de quelqu'un qui n'espère plus, de même que le regard de Clémence, un peu hagard, cache mal son angoisse... Rappelons que tous les deux ont alors à peu près trente-trois ans. L'image est poignante, d'autant que devant eux, leurs deux enfants, naturellement, ne se doutent de rien... |
 | Né en 1869 et cinquième enfant d'Aimée Brasseur-Marchant, voici François Marchant, le seul garçon de cette grande tribu. C'est aussi le seul à ne pas avoir eu de descendance. Pourtant, il s'est marié deux fois, et chacun de ses mariages a duré vingt-cinq ans... A la mort de son père, en 1890, c'est lui qui a pris la suite à la ferme de la Porte de Mons. C'est donc lui qui, en quelque sorte, reçoit au moment où l'on prend ce cliché. Et discrètement, il s'est glissé au dernier rang derrière tous ses invités, laissant notamment la place d'honneur, plein centre, à sa mère. |
 | Et à ses côtés, toute aussi discrète, voici Aline Marchant son épouse, née Léquipar. Pour dire vrai, c'est un des visages qui a le plus «résisté» à une identification. La raison en est simple, on connaît pour le moment très peu de photos d'elle, ce qui n'a pas facilité les recoupements. La solution était cependant toute simple, puisqu'elle pose à très peu de distance de son mari... Au jour de la photo, cela fait peu d'années qu'ils sont mariés et qu'ils tiennent ensemble la ferme, peut-être trois ans... Est-ce pour cela qu'elle semble un peu «en réserve», ou bien est-ce parce qu'elle est presque la seule à ne pas regarder le photographe ? |
 | Sixième enfant - et cinquième fille - d'Aimée Brasseur-Marchant, voici Aimée Marchant, née en 1874 et mariée depuis quelques années avec Henri Germe (absent sur la photo). Elle tient devant elle ses deux enfants, Robert et Francis Germe, nés en 1897 et 1899 : l'âge apparent de ces derniers confirme l'hypothèse d'une photo prise en 1900, Francis semblant camper déjà bien fermement sur ses deux jambes. "Aimée tant aimée" (disaient ses descendants) a donc environ 26 ans ce jour-là et ne peut naturellement pas imaginer l'extraordinaire longévité qui sera la sienne, puisqu'elle atteindra presque le siècle... |
 | En plein centre de la photo et juste devant sa maman, voici Antoinette Marchant, septième et dernier enfant d'Aimée Brasseur-Marchant. Née en 1876, elle a donc à peu près 24 ans le jour de la photo. Est-ce elle qui est à l'honneur ce jour-là ? Chacun s'est mis sur son trente-et-un, mais on ne connait pas le motif de cette réunion de famille... Antoinette n'est pas encore mariée, c'est pour l'année qui va venir. Est-elle seulement fiancée ? Alfred Fournier, son futur, n'est pas présent sur la photo. |
 | Juste un peu en retrait de sa belle-soeur,voici Elvire Corbeau, épouse d'Achille Brasseur. Singularité des liens familiaux, Elvire a épousé le frère d'Aimée Brasseur-Marchant, mais elle est aussi la soeur d'Alexandre Corbeau son gendre... Achille n'est pas présent, sans doute retenu au Louvion. Deux des enfants du couple sont également absents de la photo car habitant "loin" : Lucia (épouse de Paul Lotteau) vit à Bohain depuis environ douze ans, et Nicolas qui s'est marié avec Lucy Duchange, et habite alors à Clary. Les deux autres enfants d'Achille et Elvire sont en revanche présents, comme on va le voir. |
 | Et parmi ces deux enfants, il y a Aimée Brasseur (nièce et filleule de son homonyme). Au moment de la photo, Aimée (qui est née à Boussières sur Sambre et a grandi au Louvion) a environ trente-deux ans et habite la ferme du Gard depuis qu'elle a épousé en 1891 le cousin germain de son père, Georges Brasseur. Le couple a alors trois enfants, Marie-Thérèse née en 1893, Aimé né en 1895 et Jenny, née en 1898, mais aucun de ces trois enfants n'est présent sur ce cliché. Ils sont probablement restés s'amuser au Gard, peut-être sous la garde de leur autre grand-mère, car la plus jeune des trois n'a encore que deux ans. |
 | Né en 1864, Georges Brasseur a environ trente-six ans le jour de la photo (malgré le décalage d'une génération indiqué ci-dessus, il n'a que quatre ans de plus que son épouse Aimée). Georges est né au Gard, y a grandi, et y a succédé à son père (Aimé Joseph Brasseur, jeune frère de "Papa Nicolas"). Sa présence sur ce document relève de l'exception, car c'est la seule photo de groupe connue sur laquelle il est présent. De même, les photos où on le voit en couple, en famille ou seul sont très rares : sa présence ici est donc une chance en matière d'iconographie. |
 | Deuxième enfant à accompagner sa mère Elvire Corbeau-Brasseur, voici Pierre Brasseur, quatrième enfant d'Achille... A l'inverse de ses frère et soeurs nés à Boussières comme leur mère, il est le seul à être né au Louvion, comme son père... C'était en 1879, et il a donc vingt-et-un ans environ le jour de la photo. C'est le "petit dernier", car il a sept ans de moins que son frère Nicolas, onze de moins qu'Aimée et douze de moins que Lucia. Comme son frère Nicolas, il n'a pas l'intention de reprendre la ferme paternelle et s'oriente vers l'élevage et le commerce de bestiaux... C'est pourquoi le Louvion ne reste pas dans la famille lorsqu'Achille se retire dans la première décennie du vingtième siècle. |
 | Après la nombreuse famille Marchant et les enfants d'Achille, voici maintenant ceux de son frère Arthur, à commencer par sa fille aînée Marguerite. Celle-ci est également née en 1876, comme Antoinette Marchant à côté de laquelle elle pose ; les deux cousines s'entendent d'ailleurs très bien, et on peut raisonnablement supposer que Marguerite va être témoin au mariage d'Antoinette qui aura lieu dans quelques mois : elle sera en tout cas à une place d'honneur sur la photo de mariage. |
 | Arthur et Mathilde Brasseur ne sont pas présents sur cette photo : sans doute sont-ils restés chez eux ce jour-là, dans leur ferme-brasserie de Sur Hon. Mais quatre de leurs six enfants sont venus à Bavay voir leurs cousins, seules les deux plus jeunes Clémence et Madeleine (alors âgées respectivement de quinze et sept ans) étant absentes. En revanche Nelly Brasseur, deuxième enfant d'Arthur et Mathilde, est bien là. Née en 1878, elle a environ vingt-deux ans au jour de la photo : elle est donc à l'âge de tous les possibles, et ne sait sans doute pas encore que comme sa soeur aînée, elle n'aura ni époux ni descendant... |
 | Troisième enfant d'Arthur et Mathilde et seul garçon de la famille, voici maintenant Paul Brasseur. Il est né en 1880, c'est-à-dire qu'il a vingt ans, soit juste un an de moins que son cousin Pierre à côté de qui il pose pour la photo. Et comme son cousin, il ne reprendra pas l'établissement familial et s'orientera vers le commerce, s'installant d'abord à Feignies puis à Avesnes-sur-helpe. Des six frère et soeurs, trois seulement - Paul, et ses plus jeunes soeurs Clémence et Madeleine - vont se marier, curieusement pendant la même année 1913... |
 | Quatrième enfant d'Arthur et Mathide (et troisième fille), voici Jeanne Brasseur. Née en 1883, elle n'a donc qu'environ dix-sept ans le jour de la photo !! Comme on peut le remarquer en raison de la triple bande sombre sur l'épaule gauche, les trois soeurs portent une robe identique, seules les ceintures variant de l'une à l'autre... L'ensemble de la photo montre d'ailleurs que chacun a mis ses plus beaux atours, mais nous n'avons malheureusement aucun indice pour identifier la circonstance particulière qui en fut la raison. |
 | Et voici le seul visage ayant résisté jusqu'à présent à l'identification... Cette personne a de faux airs de Nelly Lebrun-Hénaut (soeur de Mathilde Brasseur-Hénaut), comme on peut le constater en regardant les photos de groupe faites à Sur Hon (même page). On peut également signaler sa présence au mariage d'Antoinette Marchant et Alfred Fournier puisqu'elle est sur la photo faite à cette occasion. Malheureusement, ces indications ne sont pas suffisantes. |
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