LE TEXTE DE REFERENCE
En 1971, une réunion de toute la famille Brasseur eut lieu à Bohain, à l'invitation de Bernard et Claude Lotteau. A l'occasion de ce qui n'était pas la première réunion familiale, mais de ce qui fut le premier rassemblement quinquennal de la famille, Bernard écrivit et lut un texte dont l'érudition le dispute à la piété familiale. Voici ce texte qui reste un exemple et un modèle de contribution pour le site que nous cherchons à construire petit à petit.
Chers cousins et amis, Nicolas et Catherine BRASSEUR nos aïeux dont nous honorons la mémoire aujourd'hui, ont eu une vie bien remplie sur laquelle nous allons nous pencher quelques instants.
Fils de Jean Joseph BRASSEUR, de Taisnières-sur-Hon, et l'aîné de trois garçons, Nicolas BRASSEUR épouse, en 1836, à l'âge de dix-neuf ans, Marie Catherine Agathe BRASSEUR, fille de Pierre Joseph BRASSEUR, du Louvion. Ils habiteront au Louvion, ou Nouvion-lez-Bavay, et ils auront deux filles et deux garçons : Aimée, Lucia, Achille et Arthur. Pendant quarante ans, ce sera le dur labeur quotidien. Puis, ayant atteint l'âge de cinquante-neuf ans, Nicolas décide de se retirer avec sa femme. Sur une de ses terres tenant à la Chaussée Brunehaut, entre Bavay et Malplaquet, il fait bâtir la Carlotte. De là, par temps clair, il pourra voir de son balcon les girouettes de tous les pigeonniers des siens : 1. La ferme du Gard, attribuée en 1856, lors du partage anticipé des biens de ses parents, à son frère cadet Aimé BRASSEUR, dont un fils, Georges, épousera plus tard sa cousine Aimée Brasseur, fille d'Achille. 2. Au croisement de la Chaussée Brunehaut et du chemin de Giboreux, la propriété de rentier de son autre frère, Edouard BRASSEUR, célibataire, qui fut maire de Taisnières-sur-Hon pendant quarante-deux ans. 3. La ferme et brasserie de Sur-Hon occupée par Arthur BRASSEUR, son second fils. 4. La ferme du Louvion, habitée par son fils aîné Achille, et par Elvire CORBEAU, l'épouse d'Achille. 5. La ferme de la Porte de Mons à Bavay, qui abrite sa fille aînée Aimée et François MARCHANT, le mari d'Aimée.
Dix ans plus tard, le 18 mai 1886, on fête joyeusement les noces d'or du couple. Voici ce qui figurait au menu :Potage Printanier Bouchées à la d'Orléans Saumon sauce verte Filet de boeuf Béarnais Canetons sauce tomate Aspic de foies gras Asperges en branches sauce mousseline Ananas Dindonneaux truffés Galantine en Belle-Vue Jambon d'Anvers Charlottes russes Chipolatas à la vanille Fruits Desserts variés... Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que nos aïeux ne sont pas morts d'indigestion après un tel repas. Nicolas survécut à sa femme durant quelques années. Pour qu'elle demeurât dans la famille, la propriété fut cédée à la seconde fille de Nicolas, Lucia BRASSEUR qui était veuve d'Emile GRAVIS et qui était la marraine d'une autre Lucia BRASSEUR, celle qui avait épousé mon grand-père, Paul Lotteau.
Vous remarquerez qu'au cours des ans, la vie de cette famille se déroule dans un petit univers dont les points extrêmes ne sont distants les uns des autres que de quelques kilomètres. Par exemple Lucia Brasseur, du Louvion, a épousé Paul Lotteau, qui habitait une ferme située à deux kilomètres de là et qui n'était pas un inconnu puisque son père avait été longtemps maire de La Longueville. Cependant quand les jeunes époux décideront de reprendre la brasserie de Bohain, ce sera presque un drame dans la famille. Pensez : partir à cinquante kilomètres, dans un autre département que le Nord ! A la génération précédente, Achille BRASSEUR n'avait pas du non plus sortir de ce microcosme pour rencontrer Elvire Corbeau : celle-ci était la fille d'Augustin Corbeau, de la ferme de Boussières, et d'Alexandrine MARCHANT, de la ferme d' Hargnies, deux villages voisins proches de Bavay. C'est ainsi que ma grand-mère est née à Boussières. Elle se souvenait de crues subites de la Sambre, qui causait de grands dangers pour le bétail. Elle fut mise en pension dès l'âge de quatre ans au couvent d'Hargnies, où elle apprit la belle écriture de la Sainte Union et où elle devint ensuite l'une des plus anciennes et non des moins turbulentes.
Il n'est pas étonnant que les liens de parenté soient nombreux et variés. Par exemple Elise MARCHANT était déjà la cousine germaine d'Elvire CORBEAU avant de devenir également sa belle-soeur et sa nièce par le mariage de l'une et le mariage de l'autre. |